Disponible sur Netflix US depuis le 9 septembre 2020, le film « Mignonnes » de la réalisatrice franco-sénégalaise Maïmouna Doucouré, fait l’objet de vives polémiques sur les réseaux sociaux, notamment aux États-Unis. Au-delà de la critique envers le film, c’est Netflix qui s’attire les foudres des internautes sur les réseaux sociaux, créant un véritable bad buzz pour la marque.
Retour sur les origines et la propagation de cette crise numérique !
Que reproche-t-on à Netflix ?
Sorti en salle le 19 août 2020, ce n’est que début septembre que le buzz éclate autour de « Mignonnes » ou « Cuties » en anglais. En effet, le film a commencé à faire polémique au moment où il s’est exporté Outre-Atlantique sur Netflix, soit le 9 septembre.
Pour mieux comprendre ce qui est reproché au film et comment #CancelNetflix est né sur la Toile, revenons sur le synopsis : « Mignonnes », c’est l’histoire d’Amy, une jeune fille de 11 ans issue d’une famille musulmane conservatrice. Rapidement, Amy développe une passion pour la danse et rejoint un groupe avec lequel elle réalise des chorégraphies « sensuelles » à l’image de ce que l’on peut trouver sur TikTok. Si certains voient, à travers le film, l’hyper-sexualisation assumée d’une adolescente, le but de Maïmouna Doucouré était justement de dénoncer cette réalité.
L’objectif de la réalisatrice n’étant pas forcément compris, Netflix se retrouve finalement accusé de faire l’éloge de la pédophilie en diffusant un film qui « sexualise les jeunes filles ».
Bilan global chiffré du boycott #CancelNetflix
Les volumes de tweets publiés avec #CancelNetflix sont impressionnants. En effet, entre le 9 septembre et aujourd’hui, 681 418 messages commentent la crise sur Twitter (toutes langues confondues). Plus de 317 000 internautes s’expriment sur le sujet et 1 internaute sur 4 est américain.
La plateforme Netflix jugée non grata Outre-Atlantique
Avec des expressions comme « pedophilia », « child pornography », « child sex trafficking », le nuage des mots les plus utilisés pour parler de #CancelNetflix sur Twitter est très explicite : la plateforme américaine est bel et bien accusée de promouvoir la pédophilie.
C’est donc en Amérique que la crise Netflix est la plus commentée. 172 476 tweets ont été postés directement depuis les États-Unis :
Nous retrouvons ensuite :
- La Grande-Bretagne (14 730 tweets)
- Le Brésil (12 887 tweets)
- Le Canada (7 591 tweets)
Crise Netflix : cas d’école d’une crise qui coûte cher
Le cas Netflix est un cas de figure « classique » d’une crise qui naît et émerge sur les réseaux sociaux et provoque de réelles conséquences pour l’entreprise. Nous retrouvons un internaute mécontent qui publie un premier post et fait office de lanceur d’alerte.
Ici, c’est un internaute américain qui interpelle Netflix dès le jour de la sortie du film sur la plateforme (le 9 septembre 2020), pour expliquer qu’il vient de se désabonner. Il en profite pour qualifier le film de « disgusting sicko movie » que l’on peut traduire par « ce film dégoûtant » :
Dear @netflix
— Steve Benjamin (@steve316b) September 9, 2020
I inform you that I just canceled Netflix because you STILL refuse to remove a disgusting sicko movie, Cutie. You just lost ANOTHER one. Good Bye. #RemoveCuties #Pedoflix #CancelNetflix #Netflix pic.twitter.com/4DJUnoVAd8
Le buzz monte, différentes communautés (presse, personnalités publiques et politiques…) s’emparent du sujet et Netflix, au-delà de sa réputation, voit également sa santé financière en prendre un coup :
Netflix has lost over $9 billion in market value since the #CancelNetflix hashtag went viral.
— Ryan Fournier (@RyanAFournier) September 12, 2020
Good.
Any network that promotes pedophelia should fall.
#CancelNetflix : l’explosion du mouvement de boycott sur Twitter
Zoom sur la montée en puissance de #CancelNetflix
Comme l’illustre la timeline annotée ci-dessous, le bad buzz #CancelNetflix s’est propagé par étape : il commence d’abord à faire du bruit sur Twitter parce que les internautes en parlent. Puis, c’est au tour de la presse de s’intéresser à l’affaire. Enfin, des personnalités publiques et politiques réagissent. L’implication respective des médias et de la sphère politique ne fait qu’augmenter la puissance de la crise !
#CancelNetflix : forte reprise politique Outre-Atlantique et soutien de personnalités publiques
Top tweets de personnalités publiques et politiques qui s’expriment sur #CancelNetflix :
.@netflix child porn "Cuties" will certainly whet the appetite of pedophiles & help fuel the child sex trafficking trade. 1 in 4 victims of trafficking are children. It happened to my friend's 13 year old daughter. Netflix, you are now complicit. #CancelNetflix pic.twitter.com/GI8KFH7LFq
— Tulsi Gabbard 🌺 (@TulsiGabbard) September 12, 2020
If you watch 11 year olds twerk, you’re a creep.
— Liz Wheeler (@Liz_Wheeler) September 10, 2020
If you taught 11 year olds to touch themselves on camera, you’re abominable.
If you defend Netflix airing this child porn, you’re enabling abuse.#CancelNetflix
Child pornography is illegal in America. #CancelNetflix
— DeAnna Lorraine 🇺🇸 (@DeAnna4Congress) September 10, 2020
Bad buzz Netflix : qu’en est-il en France ?
Sur la même période de temps, #CancelNetflix a généré seulement 6 922 tweets en français.
D’ailleurs, si « Cuties » a choqué l’Amérique, en France, l’accueil réservé au film a été complètement différent. Les internautes français défendent même le film et s’interrogent face aux réactions du public américain :
Les americains..... vous abusez pas un peu la ?
— Unknown (@Robertberopro) September 11, 2020
Elles sont pas hypersexualisées vos mini miss ?
C'est pas un peu l'hôpital qui ce fout de la charité ? #CancelNetflix pic.twitter.com/NXjPTqy7Yl
Attendez mais...Y a vraiment un #CancelNetflix parce que le film Mignonnes hypersexualise des gamines et du coup ça choque, alors que le but de base du film c'est justement de faire réagir les gens à cette hypersexualisation de plus en plus fréquente ? pic.twitter.com/ON4U8Wyfd7
— Adrian Faure (@AFCTQ) September 11, 2020
A tous ceux qui veulent #CancelNetflix et Mignonnes : Expliquez moi comment on peut faire un film qui dénonce une situation sans la montrer ? Si on suit votre logique, pas de Requiem for a dream, pas de Lolita, pas de Full Métal Jacket, pas de American History X... 1/2.
— Le Panda (@LePanPanDa) September 11, 2020