2020 a à peine sonné que l’entreprise française de prêt-à-porter écoresponsable, Le Slip Français, signe son premier bad buzz sur les réseaux sociaux.
À l’origine de la grogne en ligne, une vidéo partagée en story sur Instagram montrant des employés de la société grimés en noir et déguisés en singe. Ce « blackface », rappelle celui qui avait touché la star du foot Antoine Griezmann en décembre 2017.
Visibrain, décrypte la propagation de la crise sur les réseaux sociaux et dans la presse en ligne.
Schéma de la crise Le Slip Français
Les prémices du bad buzz Le Slip Français : le lanceur d’alerte
Comme dans la crise Starbucks de 2018, le lanceur d’alerte peut être n’importe qui.
Une story publiée sur les réseaux sociaux, même si sa durée de vie n’est que de 24 heures, peut être enregistrée et réutilisée. C’est ce qui s’est passé dans le cas de cette crise.
@Maisnoncestpasraciste, un compte Instagram luttant contre le racisme, publie, le 1er janvier, une vidéo d’une des employées de l’entreprise Le Slip Français qui part « chercher ses convives » grimée en noir et déguisée. Parmi ces fameux convives, l’un d’eux s’est déguisé en singe.
Dans ce post, le compte mentionne les trois comptes des personnes qui figurent sur la vidéo. Aujourd’hui leur compte Instagram et leur profil LinkedIn ont été suspendus.
C’est ce post Instagram qui va mettre le feu aux poudres. Les partages sur Twitter, commencent environ 24 heures après la publication sur Instagram. Les retweets affluent en masse et l’affaire s’ébruite peu à peu sur la Toile.
Tweets les plus partagés sur la crise du Slip Français entre le 2 et le 3 janvier 2020
J’ai vraiment plus les mots..
— ! (@qxaye) January 2, 2020
J’suis grv outrée 😦 pic.twitter.com/7k03dR7auL
Bonjour @leslipfrancais ! Je voulais attirer votre attention sur le fait que votre responsable acquisition Lucas Roland est sur cette vidéo où on le voit comparer les personnes noires à des singes en imitant le comportement d’un primate. Des commentaires à ce sujet ? https://t.co/P5yqUGpwSb
— ⵜ ⵓ ⵜ ⵓ ⵃ (@Fire__Bomb) January 2, 2020
Arrêtez de nous dire que la société n’est pas structurellement raciste. Comment des individus qui ont tous BAC+5 peuvent-ils se déguiser de la sorte et se filmer fièrement? C’est honteux. #BoycottSlipFrancais https://t.co/ur5Q0Tw3m5
— Thomas Porcher (@PorcherThomas) January 3, 2020
Plus de 86 000 tweets publiés sur la crise du Slip Français
En tout, on compte 86 146 tweets publiés par 41 730 internautes. Ce chiffre peut paraître dérisoire au vu des actualités de ce début d’année 2020. En effet, les grèves liées à la réforme des retraites ont engendré 7 fois plus de tweets depuis le 3 janvier. Également, on compte 4 fois plus de tweets publiés en France sur les incendies qui ravagent l’Australie sur la même période de temps.
Toutefois, comparé à l’activité normale autour de la marque, cela représente 717 fois plus de tweets publiés par jour, ce qui est loin d’être négligeable.
La presse s’empare de l’affaire et rend audible la crise du Slip Français au-delà des réseaux sociaux
Le premier média à avoir communiqué sur cette crise est Thotis Media, dans cet article publié le 3 janvier au matin.
Une dépêche AFP est envoyée quelques heures après aux médias, générant ainsi de nombreuses reprises. Aujourd’hui, on compte en tout 285 articles partagés en ligne sur la crise Le Slip Français.
Revue de presse de la crise du Slip Français triée par impact sur Twitter.
Entre l’alerte et la réponse du Slip Français plusieurs jours se passent…
Le compte Twitter du Slip Français prend la parole, face à ces accusations, dans un tweet le 3 janvier à 12h06. C’est donc 48 heures après la publication du post Instagram et 16 heures après la publication du premier tweet à ce sujet.
Notre position suite aux faits diffusés ces derniers jours sur les réseaux sociaux. pic.twitter.com/CgirMjxYzw
— Le Slip Français (@LeSlipFrancais) January 3, 2020
Twitter est le lieu d’expression par excellence et qui dit expression, dit également revendication. Mais sur Instagram aussi des sujets peuvent faire polémique, donnant ainsi naissance à des crises-image pour les entreprises, d’où l’importance de veiller également ce réseau social, en complément de Twitter.
Vous aussi veiller vos sujets et votre marque sur Instagram afin d’être alerté en cas d’activité anormale !
Crise et appel au boycott ? Un engrenage bien huilé
De nombreuses crises passent et se ressemblent sur les réseaux sociaux. Leur propagation tente à reproduire des schémas similaires :
- Le lanceur d’alerte publie en ligne
- L’indignation monte petit à petit mais reste au sein de la même bulle
- Les premiers appels au boycott sont lancés
- Les multiples partages contaminent d’autres communautés
- La presse s’empare du sujet
- L’entreprise incriminée répond
- L’appel au boycott se consolide
- La crise finit par se tasser mais une trace indélébile reste visible en ligne
Dans le cas du Slip Français, comme dans celui de Starbucks en 2018 ou celui d’H&M en 2018, l’appel au boycott émerge et se consolide rapidement sur les réseaux.
La graine est plantée et a le temps de germer, entre le premier post du 1er janvier et la réponse de la marque le 3 janvier. Des mots et expressions forts de sens émergent tels que « racisme », « raciste » ou encore « blackface ». Plus d’un tweet sur 4 appelle au boycott du Slip Français.
La crise du Slip Français soulève des questions sur la notion de vie privée et de droit du travail
Face à l’ampleur du phénomène, l’entreprise Le Slip Français annonce qu’elle va “sanctionner fermement” les employés, dans ce tweet :
Nous souhaitons donner suite à notre communiqué officiel diffusé ce midi. pic.twitter.com/rBddTHn2Ec
— Le Slip Français (@LeSlipFrancais) January 3, 2020
Comme on peut le voir en réponse à ce message, les mesures prises par la société ne semble pas faire écho en ligne.
En revanche, cette annonce déclenche une série de questionnements quant à la notion de vie privée. Certes les employés sont les garants de l’image de leur entreprise, mais jusqu’à quel point ?
Point @LeSlipFrancais ✖️ #DroitDuTravail : les salariés mis en cause peuvent-ils être licenciés pour leur comportement supposé raciste relaté dans une vidéo sur Instagram ? #Thread
— Timothé Lefebvre (@TimotheLefebvre) January 3, 2020
Ceux qui appellent à boycotter le Slip Français parce qu’un certain nombre de ses salariés sont des abrutis disent implicitement qu’une entreprise est responsable de ce que font ses salariés dans leur vie privée.
— Guillaume Nicoulaud (@ordrespontane) January 4, 2020
sur le "slip français" je veux bien qu'on mette en place un principe comme quoi les entreprises sont comptables de la vie privée de leurs employés (y compris quand pas de lois enfreintes) mais le corollaire c'est que ça veut dire que les entreprises peuvent controler la dite vie
— Aliocha Morin Ender (@DeSjw) January 3, 2020
Dur de comprendre le#BoycottSlipFrancais
— Laurent (@lolodlms) January 3, 2020
Est-ce que l'acte d'un idiot (inconnu du grand public) dans sa vie privée, engage l'image de la société dans laquelle il bosse?
Vous pensez il n'y a pas de racistes chez Carrefour ou Air France ? Vous ne mangez plus? Vs ne voyagez plus ?