De Twitter en passant par TikTok, le paysage des réseaux sociaux ne cesse d’évoluer. Mais quelles répercutions cela implique-t-il pour les professionnels de la communication et de la veille ?
Damien Liccia et Jean-Baptiste Delhomme, chercheurs pour l’Observatoire Stratégique de l’Information (OSI), ont posé toutes leurs questions à Jean-Christophe Gatuingt, co-fondateur de Visibrain.
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OSI : Twitter a communiqué à la mi-août sur une nouvelle version de son interface de programmation applicative (API). Quelles vont être, selon vous, les avancées permises par ces changements pour les chercheurs, les veilleurs et les analystes de l’opinion ?
Jean-Christophe Gatuingt : Pour bien comprendre les enjeux autour de cette nouvelle version (v2), il faut rappeler le contexte : Twitter propose depuis quasiment toujours une API ouverte, permettant à la fois d’interagir avec le réseau et d’analyser les données publiques qui y circulent. En avance sur son temps à l’époque, cette v1 n’avait pas beaucoup évolué ces dernières années.
Sur le volet « interaction avec la plateforme », Twitter s’était même froissé avec l’écosystème des développeurs, en restreignant fortement les possibilités pour des logiciels alternatifs aux clients officiels. En particulier, seuls Twitter.com, les applications mobiles officielles et TweetDeck bénéficiaient des nouveautés de la plateforme (comme la fonctionnalité de sondage par exemple), car elles n’étaient pas retranscrites sur l’API.
Sur le volet « data », Twitter a par contre structuré un business-model prospère pour l’écosystème, en rachetant notamment Gnip en 2014. Il subsistait cependant un hic : depuis le rachat, l’API de Gnip (payante, autorisant l’accès à des volumes importants, destinée aux entreprises) coexistait avec l’API originale de Twitter (gratuite, limitée en volume, destinée aux particuliers), ce qui apportait à la fois des inconvénients techniques et commerciaux.
D’une part, les équipes de Twitter devaient consacrer beaucoup de temps à maintenir et rendre cohérentes les deux APIs plutôt que de les améliorer. D’autre part, les deux modèles (API gratuite et API commerciale) étaient relativement cloisonnés (avec tout de même une première amélioration en 2017 avec l’introduction des « premium APIs » pour adresser les besoins intermédiaires).
Twitter envoie un signal positif fort à l’écosystème des développeurs.
Avec cette nouvelle version, Twitter met tout au propre sous la forme d’une seule API complète et à jour et envoie ainsi un signal positif fort à l’écosystème des développeurs. C’est une très bonne nouvelle pour les outils de veille et leurs utilisateurs. Plus concrètement :
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Pour les particuliers, on peut espérer voir se développer à nouveau une multitude d’outils gratuits (ou à bas coût) complémentaires à Twitter.com/TweetDeck
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Pour les chercheurs, c’est un grand pas en avant. Avant, la seule possibilité qu’ils avaient pour obtenir un accès large aux données brutes était de s’abonner aux offres pour les entreprises, dont le tarif et les conditions d’utilisation n’étaient pas adaptés à leurs problématiques. Désormais, Twitter propose une nouvelle offre dédiée au monde de la recherche.
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Enfin, pour les professionnels de la veille & de l’analyse, c’est une assurance que les plateformes de veille réseaux sociaux continueront à bénéficier des données Twitter dans les meilleures conditions possibles, avec, je l’espère, des innovations à la clé. Par exemple, à sa sortie, l’API v2 contient côté data deux nouveautés : « tweet annotations » (contextualisation des tweets) et « conversation id » (regroupement plus efficace des conversations). C’est un début prometteur.
Retrouvez l’interview de Jean-Christophe Gatuingt dans son intégralité, sur le site le l’OSI
Découvrez comment appréhender la posture de Twitter par rapport aux contenus dits « sensibles » ? De manière plus générale, qu’en est-il de la surenchère technologique et que peut-on réellement tirer de la veille social media ? Et enfin, pourquoi TikTok sucite autant d’intérêt et qu’en est-il de la veille sur ce réseau ?