Trois ans après #MeToo, la parole se libère une nouvelle fois sur les réseaux sociaux pour dénoncer une autre forme de violence sexuelle, intrafamiliale cette fois-ci, via #MeTooInceste. Un mouvement libérateur pour les victimes, qui émerge en plein milieu de l’affaire Duhamel.
Visibrain, la plateforme de veille du web & des réseaux sociaux, décrypte ce phénomène inédit qui brise le silence autour d’un sujet profondément tabou.
#MeTooInceste : un mouvement lancé par une militante de « Nous Toutes »
Si #MeTooInceste a véritablement pris de l’ampleur sur les réseaux sociaux ce week-end, le premier tweet date en réalité de jeudi 14 janvier. Il est publié par Marie Chenevance, militante du collectif féministe « Nous Toutes » :
J’avais 5 ans. En une soirée, ce frère de ma mère a bouleversé ma candeur et assombri le cours du reste de ma vie. En une seconde, j'avais 100 ans. #MetooInceste
— Marie Chenevance (@MChenevance) January 14, 2021
À travers ce tweet, Marie raconte son histoire. Elle ne le sait probablement pas encore mais, deux jours plus tard, son témoignage sera suivi par des milliers d’autres comme l’illustre la timeline ci-dessous.
Timeline Twitter de la propagation de #MeTooInceste
En l’espace de 3 jours, #MeTooInceste explose littéralement sur Twitter où l’on compte :
- Un total de 92 893 tweets publiés
- Plus de 40 700 internautes qui s’expriment avec le hashtag, dont 40% d’entre eux racontent leur histoire
- 378 articles de presse en ligne
#MeTooInceste relance le débat autour du délai de prescription
Parmi les hashtags liés à #MeTooInceste sur Twitter, certains font directement référence à la loi française qui prévoit un délai de prescription dans le cas d’un viol : #stopprescription (3 079 tweets), #seuildage (1 242 tweets), #changerlaloi (198 tweets).
Exemples de tweets avec #MeTooInceste et #StopPrescription :
On remarque également que #MeTooInceste est associé à l’affaire Duhamel : #Duhamel (791 tweets), #camillekouchner (292 tweets).
Sélection de tweets avec #MeTooInceste et #Duhamel :
Témoignages les plus partagés sur Twitter autour de #MeTooInceste
Comme expliqué précédemment, 40% des internautes qui parlent de #MeTooInceste sur Twitter racontent leur histoire personnelle, soit 16 291 personnes. Parmi ces témoignages, certains ont été massivement partagés :
Ma mère violée dans le cercle familial à 12 ans, viol dont je suis né, s'est suicidée à 18 ans : j'en avais 5. Dans ma famille nul ne parle d'elle, jamais, c'est interdit. Personne ne fleurit sa tombe. Ma colère fut longtemps un poison #metooinceste https://t.co/K4XrrgRIEP
— ... (@christianguemy) January 17, 2021
#metooinceste
— Zaza (@Zaza81338617) January 16, 2021
"Moi Elsa violée de mes 6 à 11 ans par mon père. J'ai tout dévoilé en 2014. Avant il m'aimait, maintenant il me traite de folle, de menteuse. Je préfère me suicider le week-end de mes 31 ans, je ne voulais plus souffrir."
A ma petite sœur 😢... pic.twitter.com/bV7JfsP7qD
Mon père me violait et m’a fait un fils (mon frère en même tps)
— Heroictimes (@Heroictimes1) January 17, 2021
Le juge dit que j’étais consentante à 15ans...
«inceste consenti et heureux» disait l’avocat de mon père (ministre actuel)
Après 2 ans, il m’a tiré 1 balle dans la tête
Je suis morte. Merci @E_DupondM #metooinceste pic.twitter.com/Bck8DMlUOT
#MeTooInceste : personnalités politiques et publiques apportent leur soutien au mouvement sur Twitter
Quelques personnalités publiques (Samuel Étienne, Alexandra Lamy) et politiques (Caroline De Haas, Marine Le Pen) n’ont pas hésité à exprimer leur soutien aux victimes suite aux nombreux témoignages sur #MeTooInceste :
Certaines de ces personnalités ont même partager leur propre histoire comme la conseillère municipale “Paris en Commun” Geneviève Garrigos :
J’avais 5 ans. 40 ans d’amnésie traumatique #MeTooInceste
— Geneviève Garrigos (@g_garrigos) January 16, 2021
Sur les réseaux sociaux, les hommes aussi s’expriment avec #MeTooInceste
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, #MeTooInceste concerne aussi les hommes. Sur Twitter, ils sont ainsi 38% à utiliser le hashtag, contre 62% du côté des femmes. Certains apportent leur soutien quand d’autres racontent leur vécu :
Je découvre ce soir la multitudes de témoignages sous le #metooinceste
— Samuel Etienne (@SamuelEtienne) January 16, 2021
Soudain, l’estimation de 5 à 10% de Français victimes d’inceste pendant leur enfance prend forme.
Bravo pour votre courage.
Nous sommes avec vous.
Brisons ce tabou.
J'avais 6 ans, puis 7, 8 et enfin 9 ans lorsque mon frère m'a violé.
— Laurent Boyet (@assopapillons) January 16, 2021
Tout ce que je fais aujourd'hui, c'est pour me réconcilier avec l'enfant que j'étais et que j'ai si souvent l'impression d'avoir abandonné... Regarde ce qui se passe aujourd'hui. C'est beau non ?#metooinceste pic.twitter.com/YGnEPojtBY