Le 23 mai, Camélia Jordana est invitée sur le plateau de « On n’est pas couché ». Durant l’émission, ses déclarations font l’objet d’un débat qui va dépasser la sphère télévisée. Ce débat, qui concerne les violences policières, prend forme sur les réseaux sociaux autour de #MoiAussiJaiPeurDevantLaPolice.
Visibrain, plateforme de veille des médias sociaux, décrypte l’engouement autour de ce hashtag qui enflamme les réseaux sociaux.
Depuis l’apparition du hashtag, le soir du 24 mai, le sujet s’impose sur Twitter avec :
- 88 261 messages publiés par plus de 32 300 internautes
- 1 internaute sur 2 témoigne d’une agression verbale ou physique
- On comptabilise environ 3 fois plus de tweets que pour #JeSuisVictime, qui avait fait le buzz fin février pour dénoncer les violences sexuelles
- Un hashtag de contestation émerge : #JenesuispasCameliaJordana avec 19 744 tweets publiés
Les prémices du buzz #Moiaussijaipeurdevantlapolice
Sur le plateau de Laurent Ruquier, la chanteuse déclare « ne pas se sentir en sécurité face à un flic ». En moins de 24h ses propos sont repris sur les réseaux sociaux et #MoiAussiJaiPeurDeLaPolice apparaît pour la première fois sur Twitter :
Aucune provocation hier soir de la part de #CameliaJordana Son sentiment est partagé par une large part de la population. J'ai beau être blanc de peau, je vis à la Goutte d'or et #MoiAussiJAiPeurDeLaPolice
— Fabien Lassalle-Humez (@FabienLassalle) May 24, 2020
Assa Traoré soutient Camélia Jordana et Twitter s’emballe
Quelques heures après ce premier tweet, la militante antiraciste Assa Traoré et sœur d’Adama Traoré, décédé en 2016 lors d’une intervention policière, s’exprime à son tour sur Twitter dans une vidéo où elle invite les internautes à soutenir la chanteuse :
Assa Traoré lance un appel à soutenir Camélia Jordana sur les réseaux sociaux!
— La Vérité Pour Adama (@laveritepradama) May 24, 2020
Le ministre de l'intérieur, les syndicats de police et les mouvements d'extrême-droite ciblent Camélia Jordana sur les réseaux sociaux. #MoiAussiJaiPeurDevantLaPolice pic.twitter.com/Rm3vTS5uAF
Timeline de l’évolution du tweet d’Assa Traoré :
S’en suivent des milliers de publications avec #MoiAussiJaiPeurDevantLaPolice.
Angoissé, humilié, tabassé… les témoignages fleurissent sur #MoiAussiJaiPeurDevantLaPolice
Les internautes profitent de l’emballement autour du hashtag pour partager leur histoire et dénoncer les violences qu’ils ont subi comme l’illustre, ci-dessus, le nuage des expressions les plus partagées à ce sujet.
Témoignages les plus retweetés autour de #MoiAussiJaiPeurDevantLaPolice :
Il y a 4 ans, en rentrant de soirée chez des amis, je me suis fait brutaliser par deux policiers de la BAC homophobes :
— Victor Laby (@VictorLaby_) May 25, 2020
- "Tu le suces ton copain ?"
- "Il te défonce hein, pédé !"
Depuis je suis toujours angoissé quand je croise un policier.#MoiAussiJaiPeurDevantLaPolice
En juin je faisait un reportage sur des travailleurs sans-papiers exploités par Chronopost leur employeur.
— Taha Bouhafs (@T_Bouhafs) May 25, 2020
Un policier voulait que j’arrête de filmer, j’ai refusé, clé de bras il m’a déboité l’épaule, tabassé dans la voiture et placé en G.A.V#MoiAussiJaiPeurDevantLaPolice pic.twitter.com/xAxRPsOafg
Je n'oublie pas que ma soeur s'est fait humilier, jeter au sol & menacer de viol par la police qd elle est allée nourrir le chat d'une amie & qu'un voisin leur a signalé la présence d'une "étrangère basanée". Elle n'a jamais porté plainte, par honte #MoiAussiJaiPeurDevantLaPolice
— Kelsi Phụng (@kelsiphung) May 25, 2020
Depuis que ma mère (cheveux blancs et âgée) a eu une double fracture à la côte à cause d'un flic qui l'a balancé au sol #MoiAussiJaiPeurDevantLaPolice pic.twitter.com/JIyAdFkJZ2
— Marie-Neige❄️ (@MarieNejma) May 25, 2020
Du matos cassé, des insultes, des intimidations, des coups, quelques hématomes, des confrères blessés, d'autres interpellés...
— Nicolas Mayart (@NicoMay) May 25, 2020
C'est pour tout ça que #MoiAussiJaiPeurDevantLaPolice#ViolencesPolicieres #CameliaJordana #libertedelapresse #journalisme pic.twitter.com/ZUcwAW6xT0
Un autre hashtag émerge en réaction : #JeNeSuisPasCameliaJordana
Certains internautes ne se retrouvent pas dans les déclarations de la jeune femme et expriment leur désaccord via #JeNeSuisPasCameliaJordana :
Question : pourquoi je ne me fait jamais "massacrer", ni même jamais contrôler par la Police ? 🤔
— Laurent SEGNIS #RESTEZPRUDENTS (@LaurentSegnis) May 25, 2020
Pourtant je suis noir, j’ai les cheveux frisés, et je vis en banlieue sensible 🤷♂️
Cette campagne de haine anti-flics est un échec de la pensée humaine !#JeNeSuisPasCameliaJordana
Seulement, ce mouvement reste minoritaire par rapport à #MoiAussiJaiPeurDevantLaPolice. En effet, il génère 4,5 fois moins de conversations sur Twitter.