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Hausse des prix du carburants : simple mécontentement ou véritable révolte sur les réseaux sociaux ?

Maïlys Mas-Garrido
Directrice marketing

@M_Masga

Depuis l’année dernière, la hausse des prix du carburant suscite la colère des automobilistes. Deux facteurs qui y ont contribué : le premier est l’augmentation du prix du baril de pétrole, qui est aujourd’hui environ 60% plus cher qu’il y a un an. En effet, 25 pays producteurs ont diminué leur production, entraînant ainsi une hausse des prix du baril. Ce sont donc des facteurs extérieurs et géopolitiques qui ont causé cette flambée inédite. Le second facteur est la fiscalité française, car l’essence coûte chère aussi à cause des taxes de l’État qui ne cesseront d’augmenter jusqu’en 2022. Ces taxes représentent environ 60% du prix affiché à la pompe.

Mais sur les réseaux sociaux, et notamment sur Twitter, seul le second facteur est pointé du doigt. Décryptage !

La hausse des carburants : comment la colère des internautes est-elle montée sur Twitter ?

Un des projets de l’État, durant ce quinquennat, est d’augmenter les prix des carburants jusqu’à avoir un alignement entre les prix du diesel et les prix de l’essence (le principe du “pollueur-payeur : celui qui pollue le plus c’est celui qui paye le plus”). En 2017 la hausse était passée inaperçue car le prix du baril était bas. Manque de chance cette année il a augmenté et cela pèse sur le porte-monnaie des français. Ainsi la révolte est en place ! Les automobilistes ne sont pas contents et le font savoir. Pour cela ils communiquent, se mobilisent et se révoltent grâce au réseau social, Twitter.

En tout sur les trois derniers mois, plus de 430 000 messages ont été publiés par 117 579 internautes.

Timeline globale des messages publiés sur la hausse des prix du carburant

Côté contenu, on voit fleurir bon nombre de hashtags en opposition à cette hausse des prix. Parmi les hashtag les plus partagés nous retrouvons : #Blocage (17 000 tweets), #Lafranceencolère (5 000 tweets), #Pouvoirdachat (3 107 tweets), #Mobilisation (2 500 tweets), ou encore #Colère (1 000 tweets). Un hasthag #Nenousprenezpaspourdescons a même vu le jour le 25 octobre et a été employé dans 763 tweets.

Nuage de hashtags les + employés sur la hausse des prix des carburants

Hausse du prix du carburant : le porte-monnaie préoccupe beaucoup sur Twitter

Hausse du prix des carburant vs. hausse des salaires : où en sommes-nous sur Twitter ?

Depuis 2011, la hausse des salaires ne compense pas la hausse générale des prix, selon lesechos.fr. Et visiblement les français l’ont bien ressenti. Sur Twitter ils sont nombreux à protester contre la stagnation des salaires face à l’inflation des prix des produits de la vie courante :

Près d’1/3 des messages publiés en 7 jours

Comme indiqué ci-dessus, cette analyse porte sur la crise due à la hausse des prix sur le carburant depuis août 2018, sur Twitter. Pourtant, près d’1/3 des messages publiés à ce sujet ont été tweetés en seulement une semaine. En effet, du 21 au 28 octobre 115 308 messages ont été publiés sur Twitter.

Volume de tweets sur la hausse des prix du carburant du 21/10 au 28/10

Ceci est notamment dû à un pic d’activité enregistré le 26 octobre, où près de 30 000 tweets ont été publiés.

Les barrières du digital sont rompues : la hausse des carburants entraine un appel au blocage

En zoomant sur la journée du 26 octobre, correspondant au pic d’activité sur la timeline ci-dessus, on aperçoit que cette forte activité est due à un appel à manifester contre la hausse de la fiscalité sur les carburants.

Cet appel au blocage donne lieu à un rendez-vous physique qui se déroulera le 17 novembre à Paris. Sur Facebook, l’événement “Blocage National Contre la Hausse Du Carburant” intéresse déjà plus de 202 000 internautes et plus de 48 000 personnes ont indiqué y participer.

La révolte contre la hausse des taxes sur les carburants n’est pas qu’un simple mécontentement des internautes. Cette mobilisation va encore plus loin, en se propulsant hors des sphères digitales et médiatiques. Mais qui dit appel au #blocage sur Twitter dit #contreblocage ! Explications.

#SansMoiLe17 : le hashtag antiblocage voit le jour

Alors que l’appel au blocage s’intensifie massivement, un internaute pro-LREM va publier un tweet avec un hashtag en opposition à l’appel au blocage du 17 novembre, #SansMoiLe17.

C’est également le 26 octobre à 13h33 que le hashtag #SansMoiLe17 voit le jour.

Timeline lancement #SansMoiLe17

En tout 18 999 tweets ont été publiés par 5 849 internautes.

Timeline globale #SansMoiLe17

Très politisé, le hashtag #SansMoiLe17 semble être principalement utilisé par des pro-Macron.

Top 5 des influenceurs sur #SansMoiLe17 : la guerre des partis politiques

Top 5 des influenceurs sur #SansMoiLe17

Parmi ces cinq comptes, trois s’autoproclament pro-LREM et tweetent en faveur de #SansMoile17. Ces comptes sont : @TeamMacronPR, @MathHansmet et le compte initiateur du hashtag @SocDemMarche. Or ces partisans ne sont les seuls à s’exprimer sur #SansMoiLe17. En effet, le 3e et le 4e compte Twitter les plus retweetés sur #SansMoiLe17 (@_JeanDorsans_ et @LouisRielFrance) dénoncent ce hashtag.

Certains y voit même un coup de communication de la REM :

D’autres utilisent juste le hashtag pour dire qu’ils ne sont pas d’accord avec #SansMoiLe17 et que eux seront bien présents le 17 :

Face à la crise l’humour reste un bon moyen de dénonciation

L’humour est souvent utilisé par les internautes afin de dénoncer et de dédramatiser une situation. Ici, l’augmentation du prix des carburants impacte directement le niveau de vie des français. Pour autant, certains préfèrent en rire :

En général, les crises sanitaires ont tendance à plus mobiliser et soulever les foules sur les réseaux sociaux que les crises économiques. Or, lorsque les facteurs à l’origine d’une crise viennent directement impacter le portefeuille des internautes, ces-derniers s’emploient à davantage de révolte. Ici, même si la communauté LREM essaie de faire pencher la balance avec #SansMoiLe17, ce hashtag ne représente que 0,04% des messages publiés sur la hausse des prix des carburants, autrement dit presque rien. La crise de la hausse des prix des carburants est ainsi bien ancrée en dehors de la sphère médiatique et des réseaux sociaux.