18 octobre 2018 : une vidéo choc est publiée en ligne et devient très rapidement virale. Sur cette vidéo on aperçoit, une professeure du lycée Branly à Créteil, qui se fait agresser par un de ses élèves avec une arme (par la suite on apprendra que l’arme était factice).
Sur les réseaux sociaux les internautes sont choqués, en colère, certains s’identifient à l’enseignante et se retrouvent dans cette scène complètement surréaliste. La mobilisation se forme. Trois jours plus tard un hashtag est lancé en protestation contre ces violences. Le mouvement est acté, #Pasdevague s’impose comme le hashtag qui donnent la voix aux enseignants ayant subi ce type d’agression.
#Pasdevague : comment le hashtag a réussi à s’étendre hors des frontières du digital ?
#Pasdevague est né d’une volonté de réunir, sous un même hashtag, la voix des enseignants ayant subi toutes sortes d’agressions sur leur lieu de travail et n’ayant pas été soutenus par leur hiérarchie.
Il aura fallu 72 heures après l’agression pour que le hashtag naisse sur Twitter. Ainsi, c’est le dimanche 21 octobre à 18h00 que le hashtag a vu le jour.
La personne à l’origine de cette mobilisation a expressément repris des tweets d’internautes, qui racontent comment ils se sont faits agresser et surtout comment leur hiérarchie a tenté de minimiser l’affaire. C’est en partageant deux tweets de victimes et en y ajoutant le hashtag #Pasdevague, que le mouvement s’est lancé.
Lâcheté de l'administration. #PasDeVague https://t.co/2lVoCZzfja
— Art Vandelay (@SackLunch5) October 21, 2018
#PasDeVague https://t.co/4EmHbsmpHe
— Art Vandelay (@SackLunch5) October 21, 2018
#Pasdevague : bilan à J+1
Alors que le mouvement peine à se lancer sur Twitter durant les premières heures du hashtag, trois internautes vont faire décoller le mouvement en racontant leurs expériences. Publiés entre 21h et 22h le dimanche 21 octobre, ces messages seront massivement retweetés dès le lendemain matin.
#PasDeVague Trois élèves agressent sexuellement un de leurs camarades (pénétration par objet). Le conseil de discipline les vire définitivement. Quelques jours après, le rectorat impose le retour d'un des auteurs dans la même classe que la victime.
— Muriel A (@MAndreievna) October 21, 2018
J'aurais aimé être soutenue lorsqu'une élève, il y a qqs années, m'a tapé dessus dans un couloir de mon établissement. Mais le conseil de discipline ne l'a pas même exclue. Et on m'a expliqué qu'il fallait prendre les choses moins à coeur. Voilà la réalité du terrain.#pasdevague https://t.co/ePEEDarko1
— Maelita (@maelialc) October 21, 2018
Je fais cours porte ouverte, un élève passe dans le couloir & crie "Madame M sale pute !"
— DonaSol (@Dona_Sol) October 21, 2018
Première réaction de la Principale "Vous avez peut-être mal entendu car ce n'est pas sa version des faits"
Heureusement que j'avais une douzaine de 6e comme temoins#Pasdevague @jmblanquer
Ces trois messages font partis des 5 tweets les plus partagés sur #Pasdevague. Ils ont ainsi permis de propulser le mouvement. De fait, 24 heures après son lancement, le hashtag a réussi à mobiliser avec plus de 53 000 tweets publiés par 14 516 internautes.
#Pasdevague : bilan à J+7
Depuis une semaine, la mobilisation fait écho dans la sphère médiatique et sur les réseaux sociaux. En tout, 176 830 tweets ont été publiés par 39 362 internautes. Parmi ces internautes, pas moins de 4 640 s’autoproclament professeurs.
En une semaine, tweets, vidéos, articles de presse en ligne et même émissions télévisées et JT ont commenté #Pasdevague. La semaine dernière, a ainsi été rythmée par le problème soulevé par ce mouvement. Nous sommes passés d’une mobilisation digitale à une mobilisation concrète dans la vie réelle.
#Pasdevague : la hiérarchie au cœur du problème ?
Lorsque l’on regarde les tweets les plus partagés sur #Pasdevague, ou les tous premiers tweets publiés à ce sujet, une chose ressort distinctement : le manque de soutien de la part de la hiérarchie. En tout 1 tweet sur 5 dénonce un manque d’action et de sanction de la part de la hiérarchie face à ces violences.
Ainsi, de manière récurrente, nous retrouvons aux côtés de #Pasdevague des expressions telles que : “conseil de discipline”, “hiérarchie”, “éducation nationale”, “chefs d’établissement” ou encore “rectorat” (35 217 tweets en tout).
C’est tout le système éducatif qui est ici remis en question.
Le hashtag #PasdeVague, exutoire des enseignants abandonnés par leur hiérarchie... Ce flot de témoignages est glaçant à lire. #Créteil https://t.co/Wpi6sE3STK
— Géraldine Woessner (@GeWoessner) October 21, 2018
Un élève de 8 ans me met son poing dans la figure car « je l’avais saoulé ». L’école demande un changement d’établissement.
— Cooper mathilde (@Coopermathilde1) October 23, 2018
Réponse du rectorat: « Vous êtes sous le coup de l’émotion. Sachez que ça vous arrivera encore de prendre des coups dans votre carrière.» #PasDeVague
Une élève m’insulte et me menace. Je fais un rapport à la principale. Elle me convoque pour une confrontation (sic) avec l’élève. Elle commence : « Alors Mme Lapnyx, cette élève se plaint que vous ne l’aimez pas... » Bref, c’était à moi de me justifier !!! 😡#PasdeVague https://t.co/2oX0h4GdOy
— Lapnyx (@lapnyx) October 21, 2018
Un élève de 4ème "légèrement" misogyne à une surveillante : "Toi, tu suces ma bite". Aucune exclusion prononcée, pas de conseil de discipline malgré demande de l'équipe enseignante. #PasDeVague
— Prof ⎛⎝Anarazel⎠⎞ (@lphaweb) October 21, 2018