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Badbuzz
Quel rôle pour Twitter dans l’émergence de l’affaire #Womantax ?

Bénédicte Matran
Directrice Communication

@BMatran

Le collectif féministe, Georgette Sand, pointe du doigt le marketing genré. Début septembre, le collectif lance un Tumblr dénonçant la Womantax ou Taxe rose, ces différences de prix entre les produits marketés pour les femmes et ceux pour les hommes.

La polémique atteint les hautes sphères. Pascale Boistard, Secrétaire d’Etat chargée des droits des femmes auprès de la ministre des Affaires sociales s’empare du sujet. Pendant ce temps les Georgettes redoublent d’efforts et épinglent directement Monoprix dans une pétition. Pourtant l’affaire ne devient vraiment virale sur Twitter qu’une fois la presse alertée.

Nous retraçons la naissance web sociale de cette polémique en nous basant sur l’analyse des données Twitter grâce à la plateforme Visibrain. Les réseaux sociaux peuvent-ils se passer de la presse dans l’émergence d’une polémique ? L’exemple de la #Womantax.

Un Tumblr et Twitter pour incuber

Timeline des tweets sur la woman tax

Voici la courbe de présence des mots « woman tax » ou « taxe rose » sur Twitter au mois d’octobre.

Avant le 27 octobre, la présence est extrêmement faible pour ne pas dire nulle. Seul(e)s quelques utilisateurs/trices mentionnent l’existence du Tumblr de Georgette Sand.

Les premiers tweets sur la woman tax viennent des membres du collectif georgette sand

C’est essentiellement par le travail des Georgettes que Twitter est alimenté sur le sujet.

Tweets sur la woman tax

Le 21 octobre, les Georgettes sont reçues par Pascale Boistard, Secrétaire d’Etat chargée des droits de la femme auprès de la ministre des Affaires sociales. Pourtant, à peine 21 tweets sont publiés entre le 20 octobre et le 23 octobre.

Les tweets sur la woman tax entre le 20 et le 23 octobre

Cet événement ne suffit pas à faire décoller la polémique sur Twitter, les principaux médias ne communiquent non plus sur le site de micro-blogging.

L’affaire de la Womantax naît et entame sa gestation sur le Tumblr et Twitter.

Twitter et les réseaux sociaux pour relayer la pétition

Le collectif féministe passe à la phase 2 et lance une pétition sur Change.org pour que Monoprix égalise les prix entre deux produits du même type. Entre le 27 octobre et le 1er novembre, le web social commence à faire gonfler la polémique :

La pétition est le lien le plus retweeté de la période. Le volume de tweets, qui était très faible, augmente d’environ 450 % sur la période.

Lien le plus tweeté

Twitter joue alors son rôle de caisse de résonnance. L’affaire de la Womantax commence à être reprise par d’autres collectifs féministes comme @MachoLand. Parmi les trois utilisateurs/trices les plus retweeté(e)s sur la période :

Top des tweets sur la woman tax

Les médias restent encore timides sur Twitter. L’affaire de la Taxe rose qui a couvé sur les réseaux sociaux commence à éclore.

La presse pour révéler

Le 3 novembre, le volume de tweets s’envole (cf timeline). Comment la Womantax est-elle passée à l’échelle ?

En alertant la presse. Le 3 novembre, les Georgettes envoient un communiqué à la presse. En égrenant les tweets, classés par date, depuis le 2 novembre, nous dégageons que le premier média national à révéler les troublantes différences entre les prix sur Twitter est @20Minutes à 8h50.

Les différents médias s’emparent peu à peu de l’affaire. Les noms de domaine privilégiés par les utilisateurs/trices pour faire grossir la polémique sont le Tumblr puis Le Monde, Change et l’Expansion.

Le top des noms de domaine les plus partagé sur la woman tax

Avec 2 506 tweets en deux jours seulement, la polémique a réussi à naître aux yeux des internautes.


Dans le cas de la Taxe Rose : c’est par un Tumblr et via les réseaux sociaux que le collectif Georgette Sand a semé le terrain, dénonçant progressivement à l’aide de photos-preuves les différences de prix entre les produits roses et bleus. Une fois les exemples suffisamment rassemblés, les Georgettes sont passées à l’étape supérieure en lançant une pétition pour la régularisation des prix chez Monoprix. La presse reste encore discrète tandis que les réseaux sociaux font croître les commentaires sur l’affaire. Si l’augmentation du volume de tweets est franche (+450%) à partir de la pétition, le nombre brut avoisine les 260 tweets en 7 jours. Pas encore de quoi crier au buzz. En effet, pour passer à l’échelle un coup de pouce de la presse a été nécessaire. Une fois alertée, celle-ci publie et diffuse sur le web social permettant d’atteindre les 2500 tweets en 2 jours et par le même biais l’opinion publique.

Il a donc fallu que Twitter et la presse œuvrent de concert pour qu’arrive aux oreilles des Français l’existence d’une Taxe rose.